Jour 46 : Les crocodiles sacrés de Bazoulé
Les rues boueuses de Ouaga
Je suis le dernier debout et en sortant de la chambre je trouve Bill Wallace en train de finir d’astiquer l’AX. Il attendait mon réveil pour prendre le petit-déjeuner et déterminer le programme du jour.
Il me propose d’aller passer la journée à Bazoulé, un village situé à l’ouest de Ouaga. On peut y observer des crocodiles en liberté. Il passe un coup de fil rapide à Seita, un jeune du village, pour lui proposer de se joindre à nous.
Il a plu toute la nuit et les routes de terre sont devenues de véritables marais, même les piétons ont du mal à circuler.
Bill Wallace me raconte la tragédie qui frappa Ouagadougou le 1er Septembre 2009.
Des pluies torrentielles se sont abattues sur la ville qui s’est rapidement retrouvée inondée.
Il narre qu’en sortant de chez lui l’eau lui arrivait à la ceinture !!
Des milliers d’habitations furent détruites et il y eut même une dizaine de morts… Une véritable catastrophe pour la capitale burkinabée…
C’est strictement ingérable de conduire sur ce genre de terrain en AX et je ne manque pas de m’enliser quelques centaines de mètres plus loin.
Fort heureusement pour nous, une bande d’enfants joue avec leurs grand-frères juste à côté et ils accourent aussitôt pour nous secourir.
Pas moins de 4 enfants et 3 adultes poussent la voiture pour la faire sortir du bourbier ! Wallace et Isouf ont les chaussures pleines de boue et la maman qui observait la scène leur amène naturellement un seau d’eau pour qu’ils puissent se nettoyer !
Il y a des flaques partout, certaines sont si étendues qu’elles prennent toute la largeur du passage. Nous n’avons des fois pas d’autre choix que de rouler dedans sans en connaitre la profondeur exacte. L’AX répond encore une fois présente à cette nouvelle épreuve que je lui inflige !
Rencontre avec Seita, enfant de Bazoulé
Au moment de descendre de la voiture pour saluer Seita, la première sandale que je pose dans la boue reste coincée.
En essayant de me dépêtrer, j’arrache complètement la partie supérieure et la semelle reste embourbée !!
Les présentations se feront donc à l’intérieur de la voiture. Seita est un jeune homme originaire de Bazoulé mais il habite Ouaga pour ses études. Cependant sa famille vie encore dans les cases du village.
En Afrique, il y a des vendeurs ambulants partout et racheter une paire de sandales en plastique de fabrication chinoise n’est pas un problème. Par contre, trouver ma pointure (47) en est un… Je me contenterai du 44 qui est la taille maximale disponible.
En sortant de la ville on contourne un gros pneu de camion posé au sol qui fait office de rond-point puis on retrouve enfin le goudron pour ma plus grande joie.
Une statue représentant le roi de Bazoulé sur son cheval nous indique que nous sommes bien arrivés.
La résidence du chef du village se trouve juste derrière et Seita me propose d’aller saluer le maitre des lieux. Ce dernier est malheureusement absent.
Les crocodiles s’avèrent ne pas etre très sauvages…
On continue et Seita nous indique le chemin à suivre pour voir les crocodiles.
On passe devant un magasin pour touristes où diverses créations artisanales sont en vente puis on arrive au guichet car l’entrée est payante.
Notre jeune guide est un enfant de Bazoulé et grâce à lui on ne paye que 1000 francs (1,5€) pour nous 4.
Il est aussi possible d’acheter des poulets pour les donner aux crocodiles !
On marche un peu et j’aperçois déjà les reptiles au loin.
Le site est divisé en 2 énormes « flaques ». Dans la première le doyen des crocodiles est seul et passif, la tête est à moitié immergée. Il ne bouge pas d’un poil, il semble même mort…
En face se trouve une multitude de crocodiles qui attendent leurs poulets.
C’est d’ailleurs la déception du jour, je confirme qu’ils sont en liberté mais vraiment pas à l’état sauvage.
En effet, ils sont tellement gavés de volailles diverses par le tourisme qu’ils en sont devenus inoffensifs. On peut les approcher, les toucher et même faire des photos sur leurs dos…
La visite s’achève relativement rapidement et on repart chercher la voiture.
On fait une petite pause le temps de manger quelques fruits de karité très en vogue au Burkina à cette période de l’année.
Je découvre également un nouveau fruit qu’ils appellent « raisin », ce sont de petites baies rouges au goût fruité qui poussent sur un arbre.
Je n’ai pas réussi à trouver le nom exact sachant que ce n’est évidemment pas du raisin de vigne.
Isouf, qui semble affamé, demande à Wallace de lui faire la courte échelle afin qu’il puisse escalader l’arbre. Une fois en haut il nous jette des branches sur lesquelles se trouvent les petits fruits.
Seita nous rappelle qu’on a prévu d’aller voir sa maman. On embarque donc dans la voiture pour se rendre dans le village à proprement dit qui se situe à quelques mètres du coin touristique…