Jour 44 : Petit tour dans Boromo et ballade en brousse
Le marché de Boromo
A mon réveil j’apprends que Jacques est parti avant le lever du soleil sous une pluie battante, quel courage de la part de ce sexagénaire…
Il a plu toute la nuit et le climat s’est nettement rafraichi.
Ici tout le monde a sorti les manches longues et je suis obligé de faire de même afin de ne pas tomber malade.
Ce matin les filles ont prévu d’aller faire quelques courses au marché et je décide de les accompagner.
En sortant de l’auberge on passe devant la fameuse école C de Boromo, des enfants jouent au foot pieds nus dans le sable.
Ils se sont fabriqués une balle à l’aide d’un sac en plastique rempli d’un mélange indéterminé.
Deux bouts de bois tordus surplombés d’un fil tendu forment des cages trapézoïdales.
Malgré ces conditions de jeu, ils se relaient pour tirer des pénalties, crient et célèbrent chaque but comme si ils étaient à la coupe du monde !
Seul l’axe routier principal qui relie Bobo-Dioulasso à Ouagadougou est goudronné, les chemins du village sont en terre brut.
L’écoulement des eaux n’est pas du tout au point et les divers orages ont laissé des traces.
On doit slalomer entre les flaques d’eau et les tas d’ordure pour arriver jusqu’au marché.
Le marché est complètement désert, nous sommes seuls !! Moi qui étais habitué à ceux de Dakar ou Bamako où la circulation est quasiment impossible…
On m’apprend qu’il y a une pénurie de denrées alimentaires en ce moment. On trouve difficilement certains fruits et légumes comme les pommes de terre qu’on était venu chercher par exemple.
On rentre presque bredouille et les filles commencent à préparer le repas de midi.
Pause avec les jeunes du village
Des jeunes boivent du thé devant la maison voisine et je me joins à eux.
Je suis évidemment très bien accueilli et l’un d’entre eux me cède immédiatement sa chaise pour que je puisse m’asseoir. Je suis gêné car je pense qu’il va rester debout à cause de moi mais on lui en apporte heureusement une autre.
Ce sont de jeunes étudiants de Ouagadougou qui sont en vacances à Boromo. Ils écoutent du reggae à l’aide d’un vieux poste des années 90. Ils m’expliquent qu’ils font partie de l’ethnie Dioula qui peuple l’ouest du Burkina. Leur langue est, à peu de chose près, la même que celle de l’ethnie Bambara majoritaire au Mali.
Ils me donnent leurs adresses e-mail alors qu’on m’appelle pour manger.
Marche dans la brousse sans eau!
En début d’après-midi on me propose d’aller faire un tour en brousse, il parait qu’on peut y voir une montagne.
Je me demande de quelle cime on me parle car le Burkina n’est pas vraiment réputé pour son relief !
On se met en route sous un soleil de plomb.
J’aime l’ambiance de la brousse qui est d’un calme à toute épreuve ce qui change beaucoup des capitales africaines bruyantes au possible.
On est au milieu de nulle part et on croise pourtant de nombreux champs isolés où les habitants profitent de la saison des pluies pour cultiver. Le soleil frappe fort ce qui n’empêche pas les enfants de labourer en plein soleil.
Je n’ai pas prévu d’eau (comme d’hab) ce qui s’avère être une grossière erreur de ma part… En plus de ça, même au loin, je n’aperçois aucune montagne !
Je découvre l’arbre appelé karité qui signifie « vie » en Dioula.
Son fruit au très bon gout sucré renferme un gros noyau. Ce dernier, après plusieurs transformations, donnera le fameux beurre de karité qui entre dans la composition de nombreux cosmétiques chez nous en Europe.
Il est aussi très utilisé sur place pour ses vertus hydratantes.
La montagne est en réalité… un rocher
On arrive enfin au pied d’un gros rocher. C’est assez insolite car il n’y a rien de semblable à des kilomètres à la ronde mais de là à parler d’une « montagne »… !
J’escalade cet amas rocheux pour y découvrir une vue panoramique de la brousse qui est d’une verdure incroyable en cette saison.
A ce même endroit en saison sèche il n’y a absolument rien et les champs sont laissés à l’abandon en attendant le retour de l’eau.
Il y a une telle différence entre les 2 saisons de l’Afrique subsaharienne que faire le même voyage à quelques mois d’intervalle nous ferait découvrir des choses complètement différentes.
On ne tarde pas car nous avons marché pas loin de 3 heures et on est loin d’être de retour au Sama Camp. De plus mon gosier commence à être totalement desséché !!
Au sol un bousier pousse une boule de crottin, la régularité de la sphère est impressionnante, je me demande comment ils arrivent à une telle précision !
On croise des autochtones qui sont allés chercher du bois en brousse. Je n’ai pas encore vu de chevaux au Burkina mais énormément d’ânes qui les remplacent dans la dure tâche de tirer les charrettes, seul moyen de locomotion ici.
C’est ma dernière soirée à Boromo dont je garderai de bons souvenirs même si la raison principale de ma venue est tombée à l’eau.
Invasion d’insectes = festin
Je parle avec l’équipe du Sama Camp à la lueur d’un néon quand tout à coup, en une fraction de seconde, des centaines d’éphémères sortis de nulle part se ruent sur la lumière en croyant y trouver je ne sais quoi !!
C’est surprenant pour moi, mais pas pour les habitants du village qui voient ça très souvent en période de pluie.
Isouf me dit que c’est un don du ciel. En effet, ici on mange ces insectes après les avoir fait frire.
Tout le monde s’active pour en ramasser le plus possible, il ne doit en rester aucun !
C’est une invasion, il y en a absolument partout. Certains se faufilent même dans mon t-shirt pendant que je contemple ce spectacle !
Des bassines sont remplies d’eau et on plonge les insectes à l’intérieur.
Ceux qui sont contre le mur sont balayés et subissent le même sort. Ils resteront toute la nuit dans l’eau puis seront dispersés sur une natte en plein soleil dès le lendemain.
Le vent éliminera pas mal d’ailes sèches, le reste sera trié à la main. Il faut garder seulement le corps de l’insecte.
La friture est très rapide. Elle est salée directement à la sortie du bain d’huile.
Je goute des insectes pour la première fois de ma vie. Ca pourrait en dégouter plus d’un, et pourtant ça n’a strictement aucun gout… ça craque seulement comme des chips par exemple !
Demain je partirai en direction de Ouagadougou, la capitale du pays, en compagnie d’Isouf qui a décidé de se joindre à moi.