Jour 46 (suite) : Repas à Bazoulé
Le vrai Bazoulé
Une piste nous amène rapidement au village de Bazoulé. La maison de la famille de Seita se trouve juste à côté de là où nous sommes garés, et nous devons le faire à pied car la voiture ne peut pas aller jusque là-bas.
Des vieux nous saluent et s’excusent du fait que tout le village ne soit pas desservi en chemin alors que nous avons seulement 200 mètres à faire.
Les maisons sont une nouvelle fois faites de briques de terre séchée liées entre elle par une espèce de ciment à base de boue.
Des gardes-manger sont construits en paille pour stocker les récoltes pour l’hiver. Ici les gens sont complètement autonomes en nourriture, ils cultivent et élèvent des bêtes pour se nourrir.
Nous sommes accueillis par la mère et la grand-mère de Seita. Juste à côté de la maison se trouve un bout de taule en métal surplombé de plusieurs pierres.
Bill Wallace m’explique qu’il s’agit de la tombe du grand père de Seita. La coutume locale veut que les morts soient enterrés directement au domicile.
Il n’y a plus d’eau dans les canaris de la maison et on va en chercher à la pompe du coin.
Le mil devient farine qui devient à son tour le « tô »
On voit de nombreux champs de mil un peu partout sur le cours trajet qui nous y mène.
Cette céréale est très cultivée au Burkina pendant la saison des pluies. On en récupère les graines qui serviront à faire de la farine puis le fameux « tô » qui est consommé à presque chaque repas ici.
Elle est faite au fur et à mesure du besoin.
Le procédé est très rudimentaire mais d’une efficacité hors du commun. Les grains de mil sont placés sur une pierre puis broyé par le frottement d’une autre sur cette dernière.
J’ai le droit à une démonstration en direct et en seulement une poignée d’aller-retour le mil est devenu une farine très fine !
Cette dernière est mélangée à de l’eau puis chauffée et touillée jusqu’à obtention d’une pâte relativement épaisse. Ça a l’air assez physique, la femme qui prépare le repas transpire à grosses gouttes!
Elle utilise ensuite une cuillère faite à l’aide d’une calebasse coupée dans le sens longitudinal afin de former des boules qu’elle superpose dans une marmite.
La sauce quand à elle est faite de feuilles de gombos et d’autres végétaux dont j’ai oublié le nom.
Je demande maladroitement s’il elle comporte du poisson ou de la viande. On me répond qu’il n’est pas possible d’en consommer à chaque repas et qu’on attend de grande occasion pour tuer un poulet ou une pintade.
Le soumbala : graines du néré fermenté
On y ajoute aussi du soumbala. C’est le fameux nététou du Sénégal !! Ce sont les graines fermentées de l’arbre Néré, son odeur et gout sont puissants et très appréciables. Personnellement ça me fait penser à du cacao pur.
Il y a un grand Néré non loin de notre position et Bill Wallace me fait découvrir d’où viennent ces graines.
Le fruit se divise en sorte de grandes gousses marrons qui renferment une pulpe jaune comestible au gout sucré. Il y a aussi plusieurs petits noyaux à l’intérieur, qui après fermentation donnent le condiment dont je vous parlais quelques lignes auparavant.
Le repas est servi et se mange directement à la main. IL faut prendre une petite boule de to et y faire un creux avec le pouce puis prendre la sauce gluante et manger le tout.
Le to du village à base de farine de mil est beaucoup plus gouteux que celui de la ville fait principalement avec de la farine de maïs. Je redécouvre le plat.
J’ai adoré cette petite immersion au village. C’est exactement ce que je recherche dans ce voyage.
Un énorme merci à Seita et sa famille pour cet instant unique.